Cercle de Lecture du  23 janvier 2015

 

 

L’affaire Balssa

Henri de Lestang, 1934

 

Si je suis un vieux damganais, ce n’est que par alliance car je ne suis pas breton d’origine. Je suis né à Cagnac les Mines, à 8 km d’Albi, où mon grand-père maternel était à la fois mineur de fond et ouvrier agricole. Les mineurs avaient droit au charbon gratuit qui leur était livré à domicile par un transporteur qui faisait fabriquer et entretenir ses  charrettes  à Almayrac, à 8 km de Carmaux, chez Balssa de la Vialette, charron-forgeron et cultivateur de son état, mon grand-père paternel que Je n’ai pas connu  car il mourut  peu après ma naissance. Deux de ses 6 fils ont géré successivement  ferme et ateliers  jusqu’aux années 50 qui virent péricliter une activité artisanale victime du boom automobile et du pneu Michelin.

 

A compter de 1938, mes parents habitaient  la Haute Loire puis  le Puy de Dôme. Ma mère étant institutrice, nous passions deux mois de vacances dans le Tarn, la première moitié à Cagnac, la deuxième à Almayrac pour pouvoir assister au dépiquage puis aux vendanges. Sous l’Occupation,  Il nous fallait parfois 3 jours  de voyage en train entrecoupé d’interminables haltes imprévues dans des gares  pour atteindre enfin  Albi, ville assez bien reliée à Cagnac par autobus. Quand le moment de rejoindre Almayrac était venu,  un oncle venait nous chercher avec le Break ou la trotteuse attelé à la jument. Mon père, qui ne disposait que de 3 semaines de vacances arrivait plus tard par le même moyen puis à Cucciolo, puis sur sa 350 Terrot, jusqu’à ce qu’il obtienne enfin la 4cv Renault de nos rêves.

 

Je devais avoir de 11 à 13 ans quand mon oncle Roger attela le break et nous transporta, sa femme Eva, mon oncle André, sa femme Berthe, ma mère mon frère et moi pour une excursion au bord du Viaur, cette rivière sinueuse et encaissée qui sert de frontière entre le Tarn et l’Aveyron. Nous passammes  au bord de l’eau une fort agréable journée :  pique- nique, baignade et promenade en barque, sans doute ma première navigation. Il y avait là une vielle fontaine près de laquelle, me raconta ma mère, une jeune fille avait été assassinée par un oncle d’Honoré de Balzac dont le père était d’ici et s’appelait Balssa avant de changer son nom. Je n’étais pas peu fier de cette circonstance car j’admirais déjà  son  grand écrivain de fils, soit parce que des passages  de ses œuvres nous avaient été dictés à l’école, soit que j’avais lu Eugénie Grandet.

 

Bien des années plus tard, je devais avoir 16 ou 17 ans, les lycéens de Blaise Pascal, le lycée de Clermont, étaient conviés à une conférence où était révélé le nom d’origine de Balzac ce qui me valut d’amicales moqueries teintées de quelque  jalousie de la part de mes condisciples….J’en parlais à mon père qui alla me chercher dans sa bibliothèque l’Affaire Balssa, ouvrage édité en 1934 qu’il avait dû acheter alors que je n’étais qu’un nourrisson puisque je suis né en 1933.

 

A  Damgan, j’ai eu l’imprudence de révéler cette histoire et notre présidente a sauté sur l’occasion pour me demander de vous commenter ce petit livre qui n’existe que parce qu’un crime sordide a été imputé à un parent d’Honoré et que démontrer que ce serait peut-être par erreur  laverait l’honneur de l’immense écrivain.

 

Le style de la préface de ce livre m’a intrigué par sa  qualité rédactionnelle. J’ai également été interpellé par sa reprise de la thèse de de Lestang  qui croit à l’influence de «  l’atavisme et de la race » sur le génie de Balzac  si bien que j’ai voulu me renseigner sur son rédacteur, Anatole de Monzie. Il s’avère que c’est un personnage politique assez considérable.(Voir document).

 

 Qu’il soit devenu plus tard ami d’Otto Abetz et de Darquier de Pellepoix m’a incité à me renseigner sur les opinions politiques de son admirateur Henri de Lestang mais je n’ai trouvé sur internet que la citation de ses rares œuvres dont la dernière date de 1952. J’ai pu me procurer : «  Le Pays tarnais » qui se veut un guide touristique tout en nous révélant la grande culture de son écrivain notamment au sujet de l’hérésie cathare et des guerres de religion ainsi que ses positions en faveur de la liberté de pensée, page 56, son admiration pour Jean Jaurès et pour les ouvriers de Carmaux où il exerça en qualité de juge de paix. Page 90, il évoque un autre tarnais, « le petit père Combes, farouche séparateur ». Page 11 il nous parle des terres tarnaises «  accaparées par des races étrangères d’au-delà les Alpes ou les Pyrénées, travaillant dur et cultivant, fort bien d’ailleurs » mais notre lecture de son ouvrage  nous révèle non  un raciste, comme je le craignais un peu  mais un véritable humaniste tout à fait sympathique à mes yeux et je  n’ai rien trouvé sur sa conduite pendant la guerre.

Passons à l’œuvre proprement dite.

 

L’Affaire Balssa

 

Ce n’est que vers 1923 que l’on a connu les origines de Balzac que la région tarnaise a tenu à revendiquer s’en estimant honorée. Quelques années plus tard un inspecteur des Beaux Arts, Louis Lumet,  venu enquêter sur place,  apprit avec consternation (page 15 ) que  son oncle  avait été guillotiné pour meurtre, en 1819, alors qu’Honoré avait 20 ans et son père, frère ainé de l’assassin, 70. De Lestang commence par nous narrer la visite de  Louis Lumet  qui est décédé après avoir  recueilli cette triste information parmi d'autres de la part d’une balzacienne du cru. Par bonheur, son travail a fini par arriver à de Lestang. Ce magistrat, fin connaisseur du Tarn, a repris les recherches  que sa situation professionnelle  a facilitées. Il a en effet été nommé juge de paix à Carmaux en 1925 et pouvait probablement mieux que d’autres accéder aux archives judiciaires.

Il nous dépeint avec saveur la vallée du Viaur et la vie de ses  habitants , notamment de la famille Balssa, nous décrit, page 31, le père d’Honoré comme un affreux bourgeois opportuniste et arriviste qui a fui à 20 ans son village pour chercher fortune ailleurs sans trop savoir par où il était passé. Aujourd’hui, grâce à un ouvrage publié en 1999 par Jean-François Déga, nous le savons très bien : Albi, puis Toulouse où  il devient  secrétaire, du marquis Bertrand de Molleville, conseiller au Parlement de Toulouse en 1766 qu’il suivra dans son exil à Montesquieu –Volvestre lors de la suppression du Parlement. De Lestang le retrouve à Paris où il a suivi son employeur  puis à Tours où il se marie à 51 ans avec un tendron de 19 ans. Qu’a- t-il fait en attendant ? Branchons  nous, pour le savoir, sur son employeur de marquis.

 

Après Montesquieu- Volvestrre qu’il rejoint en 1771, de Molleville  arrive à Paris en 1773 en qualité de conseiller du Roi (Louis xv) puis de maître des requêtes en 1774, (Louis XVI ) intendant de Bretagne en 1784 puis ministre de la Marine et des Colonies du 7 octobre 1791 au 16 mars 1792. Bernard- François est toujours son secrétaire et a dû en apprendre de belles auprès d’un tel maître proche de Louis XVI dont il aurait dirigé la police secrète avec l’aide probable de Bernard- François. Après l’émigration du marquis, Bernard- François , protégé d’un  conventionnel et général tarnais  J.P. Lacombe Saint Michel dont la cousine germaine a épousé son cadet Jean Balssa,  puis du Préfet d’Indre et Loire, devient directeur des vivres à Paris,  puis, grâce au piston de son beau-père, à Tours  où il se fait une belle situation. Il se pourrait que le général cité plus haut soit le mystérieux correspondant auquel il est fait allusion page 32.

 

Et de Lestang  ignore aussi  les véritables raisons de son départ, qui, à cette époque, n’étaient pas très  glorieuses ! En 1990, on a découvert dans des archives notariales que Bernard- François avait été emprisonné à Lagarde-Viaur pour avoir refusé d’épouser ou de « récompenser » une jeune fille enceinte de ses œuvres. La pauvre  ne demandait pourtant que 100 livres pour se désister et  le père du jeune chaud lapin a dû vendre une partie de son jardin pour réunir la somme et faire libérer son fils qui s’est empressé de prendre la tangente. On comprend mieux pourquoi il a toujours caché ses origines.

 

 50 ans plus tard, c’est le plus jeune de ses frères qui, à son tour, aurait engrossé une fille du village, surnommée «  la calloro », décrite par  de Lestang  comme une fille de petite vertu  (page 19).

 

 Mais l’affaire ne se terminera  pas, cette fois, comme il semble qu’elle l’aurait dû, par un compromis financier mais par un meurtre, imputé, à tort ou à raison, à Louis Balssa dit Le Prince qui y perdra la tête. La révélation publiée en 1927 fit crier à l’invraisemblance et à la fausseté. Le « discrédit  jeté sur sa race » ( celle d’Honoré bien sûr) pousse l’auteur à chercher s’il n’y aurait pas  une autre vérité dans le « noble but de laver sa mémoire d’une tache infamante »

 

Cette histoire  n’aurait probablement intéressé personne si elle n’avait concerné la famille d’Honoré bien  qu’il n’ait jamais mis les pieds dans le Tarn que son père a fui sans espoir de  retour à l’âge de vingt ans. Dans Balzac en pantoufles, écrit par un intime, on ne trouve aucune allusion aux origines d’Honoré dit parfois : « le tourangeau » ce qu’il est d’ailleurs assez peu pour avoir vécu plus en nourrice ou en pension qu’au foyer familial.

 

Bien installé à Tours, après plusieurs liaisons féminines, BF se marie à 51 ans avec un tendron de 19 ans dont naîtra Honoré qui est mis en nourrice pendant plus de 3 ans puis en pension chez les Oratoriens de Vendôme, dans le Loir et Cher  où il serait resté 6 ans sans retourner à la maison. cela i était courant à l’époque mais nous  confirme bien son père tardif comme le bourgeois sans cœur, arriviste et sans scrupules (le père Grandet ?) que nous dépeint de Lestang .(page 31 )

 

Exclu de Vendôme il  ne passe que quelques mois externe au collège de Tours avant de suivre, à l’âge de 15 ans, ses parents à Paris où est nommé son père. Dans sa biographie publiée sur : salon littéraire, il est mentionné que son père lui a coupé les vivres quand il a préféré la carrière des lettres à celle de notaire, ce qui confirme, s’il en était besoin, l’opinion de de Lestang sur ce peu sympathique personnage.

 

Après cette étude de la famille Balssa, l’auteur passe à l’affaire proprement dite. Il nous décrit d’abord le cadre local qu’il connait si bien sans omettre de vanter le fameux viaduc du Viaur, (Voir photo)

 

 puis aborde la découverte du corps de la victime et ses suites en optant pour la transcription des  divers procès-verbaux que motiva l’instruction de l’affaire qu’il est allé intégralement copier, ce qui, à la main,, a dû être un travail long et fastidieux. J’ai trouvé  leur lecture très savoureuse. On y découvre que peu de gens sont capables de signer leur déposition, vu que l’école n’était pas encore obligatoire et gratuite. L’auteur, en bon professionnel,  reviendra plus loin aux détails importants permettant  de  tenter de démontrer une erreur judiciaire.

 

Pages 43 à 47 :Procès-verbal des huit premiers interrogatoires. Seule la mère de la victime désigne Louis Balssa comme auteur de la grossesse de Cécile.

 

Le juge de paix consigne ensuite les rumeurs et informations recueillies par le garde-champêtre. Ces nouveaux témoins, qu’il n’interroge pas lui-même semblent en savoir beaucoup plus que les premiers sur la responsabilité de louis Balssa. Il transmet le dossier au procureur du Roi en lui faisant part de ses soupçons sur Louis Balssa qu’il n’a même pas  interrogé. L’affaire est mise entre les mains du juge d’instruction qui place immédiatement le présumé coupable sous mandat de dépôt. Nous sommes le 13 juillet et le 19, le Prince disparait. On le retrouvera facilement à Najac d’Aveyron où il sera arrêté le 17 août puis incarcéré le 30 à la prison d’Albi. Il subira enfin son premier interrogatoire le lendemain31 août.

 

L’instruction a commencé le 20 juillet par l’audition des parents de Cécile qui accusent clairement le prévenu qui  aurait battu et même tenté d’étrangler leur fille pendant qu’elle était à son service. La forte femme se serait laissé battre par un homme chétif ?

 

François Niel, employeur de Cécile, a découvert qu’elle était enceinte et qu’elle a fini par lui dénoncer le responsable, Louis Balssa dont elle entendait obtenir le secours qu’il lui aurait promis.

 

Marie Coste, servante chez Niel qui partage le lit de Cécile certifie qu’elle  lui avait révélé que Louis était l’auteur de sa grossesse, qu’il avait promis de la « récompenser », faute de quoi elle mettrait le feu à sa gerbière.

 

Alexis Laval, garde champêtre (encore lui), rapporte les propos d’un individu surnommé Darnisot  qui aurait vu Cécile se rendant chez Balssa pour exiger qu’il répare ses torts sinon elle mettrait le feu à sa gerbière. Antoine Ichard lui aurait déclaré avoir aperçu deux individus dont Balssa près de la Nougayrié le 5 au soir. Balssa aurait mangé des cerises avec la femme d’Ichard qui l’a trouvé bizarre.

 

Catherine Trouan affirme que la rumeur publique accuse le prévenu, qui a mauvaise réputation et n’aurait pas agi seul.

 

Le 21 juillet les témoignages confirment les accusations et le neuvième témoin, Albar apparaît.

 

Le 31 août, a lieu le premier interrogatoire de Louis Balssa qui nie être l’auteur de la grossesse et explique qu’il était parti un dimanche pour Bourgnounac  afin de payer des impôts ! On peut être surpris que le juge ne se montre pas plus incisif en vue de déstabiliser le prévenu et le pousser à l’aveu.

 

Le juge procède ensuite à de nouvelles auditions. La troisième ne cite que la rumeur accusant le prévenu. La quatrième en fait autant et Ichard nie avoir parlé au garde- champêtre de menaces que  Balssa  aurait proférées contre Cécile si elle incendiait sa gerbière.

 

Bergougnou nie également avoir entendu ces menaces et précise les révélations que lui aurait faites la victime sur les promesses de réparation de l’auteur de sa grossesse avec qui elle avait rendez-vous le lendemain.

 

Le 22 décembre, Catherine Miquel  révèle que Cécile lui avait demandé de lui trouver une chambre à Villefranche pour accoucher de l’enfant  attendu de Louis Balssa. Le 4 janvier, Marie  Cayrou  dit avoir été priée par Cécile de l’aider à obtenir l’aide de Balssa pour son accouchement.

 

En fait, l’affaire peut être résumée très simplement. Louis Balssa, la cinquantaine, veuf depuis la naissance de son fils de 17 ans, est un pauvre  paysan-tisserand chétif surnommé le Prince. Comme d’autres, il a employé la victime, Cécile Soulié, «  la calloro », dans sa maison et niera toujours avoir eu avec elle des rapports sexuels. Comme elle en a avec beaucoup d’hommes, qu’il est veuf, personne ne le croit.   La rumeur selon laquelle il jouirait d’une mauvaise réputation et serait responsable de la grossesse et de l’assassinat de la pauvre Cécile qui « se serait jactée de lui bruler la gerbière » se répand sournoisement.

 

Pages 61 à 63, l’auteur émet des doutes sur ces affirmations et nous dresse un portrait peu flatteur de Jean Albar, dont l’interrogatoire (page 61) est le plus court et le plus perfidement accusateur de Louis Balssa. Cet Albar, qu’aurait ménagé  le juge, est, lui, un riche propriétaire qui sait faire travailler les autres. C’est aussi le fils du notaire qui a commencé la formation juridique de Bernard- François,(page 27).

 

Il ne manque pas de critiquer le juge ainsi que les huissiers ou la maréchaussée,  responsables des interrogatoires trop tardifs de l’accusé présumé coupable sans même avoir été entendu.(crime du 6 juillet, premier interrogatoire du 31 août)

 

Finalement l’erreur judiciaire n’est pas vraiment démontrée comme l’admet lui-même  De Lestang  qui s’appuie surtout sur l’impossibilité pour l’homme chétif qu’est l’accusé, d’étrangler une solide gaillarde comme la victime alors que pour Albar c’ était facile. Cette accusation me semble bien légère et plus fondée sur son aversion manifeste envers le notable que sur des preuves.  Sa thèse est que le faible Prince aurait fait le guet pendant que le solide Albar étranglait la fille après avoir convaincu Balssa, moyennant finances, d’endosser le crime pour éviter de gros problèmes à un homme marié qui, en revanche, le soutiendrait facilement, vue sa puissance de notable, pour adoucir sa peine. Tout cela me semble peu crédible. D’abord, il est stupide, pour un meurtrier, de s’associer avec un complice aussi fragile que Louis Balssa . Ensuite, si Albar était responsable de sa grossesse, La Calloro aurait pu  tirer une belle récompense de la part d’un riche propriétaire soucieux de sa respectabilité et de  protéger son ménage alors que le pauvre Louis Balssa était bien trop  démuni pour pouvoir l’aider efficacement. Les témoins qui ont recueilli directement de la « fautive » la révélation de l’auteur de la grossesse semblent assez crédibles alors que personne ne cite Albar. Tout chétif qu’il paraissait, Balssa était un paysan du Ségala, qui labourait, fauchait, moissonnait, transportait de lourdes charges, maitrisait des animaux… Je crains que de Lestang se soit laissé emporter par son admiration pour Balzac en tentant de prouver l’innocence de son oncle. Cependant, page 90,  la confession in extremis de l’accusé est vraiment troublante mais incontestablement bien tardive. En prison, on a le temps de gamberger et l’oncle avait peut-être une part des dons de son illustre neveu pour la construction  romanesque ? Comme le note l’auteur, il est dommage qu’Albar n’ait pas  été interrogé à la suite de cette déclaration. Y eut -il vraiment un retournement des soupçons vers Albar qui aurait avoué sur son lit de mort ? 

 

On ne connaitra jamais la vérité sur cette « ténébreuse affaire » qui n’entachait nullement l’honneur d’Honoré de Balzac. Notre illustre écrivain n’avait vraiment aucune responsabilité dans ces évènements dont les protagonistes, s’ils étaient du village d’origine de son père et le principal d’entre eux  de sa proche famille, lui étaient totalement inconnus.

 

Francis Balssa