Cercle de Lecture du  -- juin 2014

 

 

 

Inconnue à cette adresse

Kathrine Kressmann

 

Née en 1903 à Portland (Oregon) Kathrine Kressmann Taylor américaine est issue d'une famille allemande. Elle suit des études de lettres et de journalisme et devient correctrice et rédactrice dans la publicité. Première femme nommée Professeur titulaire à l'Université de Gettysburg (Pennsylvanie), elle a enseigné la littérature.

 

L’écriture romanesque et le journalisme. Choquée par l’attitude antisémite d’anciens amis allemands, lui vient alors l’idée de ce premier roman Inconnu à cette adresse écrit sous un pseudonyme. « L’histoire est trop forte pour avoir été écrite par une femme » selon son éditeur. Il permet à l'auteur de vivre de sa plume. Réédité de longues années plus tard, il redevient et reste un grand moment de littérature.  « Jour sans retour » est son deuxième livre abordant aussi le thème du mécanisme de la montée du nazisme en Allemagne.

 

 Cet écrivain reconnaît ne pas avoir tout inventé. Elle s’est servie de lettres réellement écrites qui ont constitué la trame de cette nouvelle, mais elle a eu l’art de les agencer pour maintenir le suspense et donner un sens à cette nouvelle.

 

En 1932, Martin Schulse, un Allemand, et Max Eisenstein, un Juif américain, sont marchands de tableaux en Californie. Ils sont unis par une amitié quasi fraternelle.

Martin décide de rentrer en Allemagne. C’est leur correspondance fictive entre 1932 et 1934 qui constituent cette œuvre. Au fil de la correspondance, on s’aperçoit que Martin épouse l’idéologie nazie et demande à Max de ne plus lui écrire. Par la suite, Griselle, la sœur de Max et ancienne maîtresse de Martin, vient chercher refuge chez ce dernier car on a découvert qu’elle était juive (elle est comédienne à Berlin). Martin la rejette et elle se fait fusiller par les S.A. A partir de ce moment, Max enclenche sa vengeance.

 

De nombreux thèmes sont abordés dans cette brève correspondance historique : l’amitié, la montée du nazisme, la propagande par l’art, la trahison et la vengeance.

Il s’agit d’une nouvelle exemplaire à la façon de Cervantes, porteuse d’une éthique. Cette morale est celle d’une Amérique forte de son droit à se faire justice. La grande figure du justicier solitaire si chère au cinéma américain. Autre influence américaine : les personnages quelque peu manichéens : Max, juif artiste et délicat et Martin, cynique matérialiste prototype du nazi.

Béatrice de Charette