Cercle de lecture du 4 mai 2012

Les naufragés de l’île Tromelin

Irène Frain

 

Irène Frain est d’origine bretonne, elle prétend écrire des romans mais elle a en fait la fibre historienne et qui plus est, maritime. Ses livres sont le plus souvent menés comme des enquêtes, elle fouille le passé, les faits et les âmes pour écrire des histoires et elle a un réel talent de conteuse.

Les naufragés de l’île Tromelin est une histoire vraie, une tragédie qui s’est déroulée dans le huis clos d’un îlot de sable perdu dans l’océan indien. Pendant la guerre de Sept Ans un navire de la Compagnie des Indes, l’Utile est armé à Bayonne. Lorient subit le blocus anglais depuis la bataille des Cardinaux en 1759 et la compagnie a décentralisé une partie de son activité.

Sur la route des Indes les navires font souvent escale à l’île de France ou à l’île Bourbon. Après avoir contourné le cap de Bonne Espérance l’Utile contourne ces îles par l’est et revient vers Madagascar. L’objectif ? Le chargement d’une cargaison clandestine d’esclaves. Puis le capitaine reprend la direction plein est et échoue son navire sur l’Ile de Sable fin juin 1761. Elle avait été portée sur différentes cartes, avec des coordonnées différentes, le capitaine a choisi la mauvaise et surtout a manqué de prudence.

 Les rescapés de l’échouage organisent la vie à terre avec tout ce qu’ils peuvent récupérer sur l’Utile, les blancs d’un côté, les noirs de l’autre. Trois mois plus tard, à bord d’une chaloupe construite avec les débris du bateau, les Français reprennent la direction de Madagascar faisant la promesse de revenir chercher les 80 esclaves. Mais une fois à destination personne n’a voulu payer un jeu de voiles neuves pour que l’embarcation de fortune puisse retourner sur l’îlot.

Après l’échec d’une première tentative de secours en 1775, c’est Jacques-Marie de Tromelin à bord de la Dauphine qui a recueilli les derniers survivants 7 femmes et un bébé de 8 mois 15 ans après le naufrage.

Quatre campagnes de fouilles archéologiques ont eu lieu à Tromelin entre 2006 et 2013.

Irène Frain s’appuie sur plusieurs documents écrits d’époque, journaux de bord et témoignages de survivants, faisant une étude critique de ces récits quelque peu divergents. Elle a pu se faire débarquer sur Tromelin et a eu accès aux premières découvertes faites lors des fouilles ce qui donne à son texte une grande authenticité.

A Nantes fin 2015-début 2016 une exposition a été consacrée à L’île des esclaves oubliés.

 

 

Brigitte Maisonneuve