Cercle de Lecture du  12 décembre 2014

 

 

 

Peine Perdue

Olivier Adam

 

 

Olivier Adam grandit dans l'Essonne. Après des études de gestion d'entreprises culturelles à l'université Paris-Dauphine il devient d'abord consultant pour conseiller des collectivités locales dans leur politique culturelle, puis participe a la création des Correspondances de Manosque. Il travaille ensuite brièvement dans l'édition.

 

Son premier roman, Je vais bien, ne t'en fais pas, publié en 2000, est un succès. Dès le troisième, Poids léger, en 2002, il peut se consacrer entièrement à l'écriture. Il écrit aussi des livres pour la jeunesse.

 

Son œuvre dépeint des personnages confrontés à des crises d'identité, souvent dans des milieux ordinaires de la classe moyenne. Olivier Adam affiche également dans ses écrits son admiration pour la culture et les paysages du Japon.

Après avoir quitté Paris pour la région de Saint-Malo, comme il le raconte dans Des vents contraires, il est revenu dans la capitale.

Il a écrit de nombreux romans destinés à la littérature jeunesse.

Également scénariste, il a notamment participé à plusieurs films : Welcome et Je vais bien, ne t'en fais pas, réalisés par Philippe Lioret, Poids léger et Maman est folle de Jean-Pierre Améris, et Des vents contraires, de Jalil Lespert.

 

Peine perdue : Comment comprendre ce titre ?

Dans ce cas précis, peine signifie effort à fournir et non pas tristesse. L'expression est utilisée pour exprimer l'idée que l'on emploie inutilement du temps pour quelque chose qui ne vaut pas qu'on fasse des efforts ou pour quelque chose (ou une cause) qui est perdu d'avance.

C’est un deuil : espérance, amour, communication, bonheur.

 

Sujet

Le roman est centré autour de deux axes :

·        D’une part : un personnage Antoine, joueur de foot, a subi une agression et a été laissé mourant sur un banc devant l’hôpital.

·        D’autre part : d’autre part une tempête a ravagé le littoral et outre les dégâts occasionnés,  il y a eu plusieurs victimes.

Le roman est une enquête pour savoir qui a agressé Antoine et pourquoi ? Mais cette enquête n’est qu’un prétexte, il s’agit d’abord d’une description de la société telle que la perçoit l’auteur.

Construction du récit : celui-ci s’articule autour de 22 portraits qui ont un lien soit avec Antoine le joueur de foot ou autour de personnages concernés par la tempête.

 

Une galerie de portraits

Ces portraits se font écho et s’articulent comme les pièces d’un puzzle. Le premier et le dernier évoquent Antoine et beaucoup d’autres viennent éclairer le personnage : son  père, sa sœur, la mère de son fils, l’équipe de foot, ses ex, un entraineur, des amis, son chien, un notable riche et influent……

D’autres portraits évoquent des personnages qui ont un rapport avec la tempête. Ce phénomène atmosphérique provoque des réactions extrêmes.

Ces personnages s’expriment à travers un monologue intérieur comme s’ils se parlaient à eux-mêmes ce qui crée une intimité avec le lecteur. p373

 

Miroir de la société 

 Ces personnages expriment le malaise d’une société en décomposition marquée par la corruption (Pérez), la trahison (Jeff), l’égoïsme (le père du copain de Léa), la précarité, le désespoir (Grindel), une société où les vieux n’ont plus leur place mais aussi la compassion, la tendresse (Laure, l’interne qui soigne Léa), Clémence, la fille du couple qui a voulu se suicider. Marco qui se laisse gagner par la tendresse pour le fils d’Antoine

 

Vision poétique 

 Désespoir baudelairien dans le titre vanité des choses, évocation de la nature : « l’air était parfumé de parfums sucrés, tout baignait dans l’azur et l’or, le soleil enflammait tout et la mer se chargeait d’une encre bleu Waterman »

 

Style 

 Mélange de style parfois très familier : « leurs cours de morale bidon. Responsabilité. Confiance. Mon cul ».

Parfois il utilise des formules métaphoriques très appropriées :« les existences de ses habitants se télescopent telles des autos tamponneuses, en douceur ou en fureur ».

Humour pour dédramatiser : le père divorcé au bord de la dépression a «l’air d’un raton laveur sous Tranxène».

 

Conclusion

Densité de ce roman qui n’échappe pas à quelques clichés : les riches sont méchants, les vieux sont égoïstes, les paumés sont sympathiques.

 

Béatrice de Charette